Alors  que Star Trek glorifiait l’exploration de l’espace, il semblerait que le monde se tourne plus rapidement vers les épisodes IV à VI de Star Wars, avec des armes et lasers directement présents dans l’espace pour détruire des cibles comme des satellites. Star Wars, généralement mal traduit en français par la guerre des étoiles, était aussi le surnom de la Strategic Defense Initiative (SDI), un programme créé par Ronald Reagan au début des années 1980 pendant la guerre froide et la course aux armements. Ce système de défense anti-missile n’a jamais été pleinement réalisé mais son emprunte reste importante sur les esprits. 


Les satellites, quelles utilités ?

Les satellites ont de multiples rôles, à la fois dans les domaines civils et militaires. Il existe des satellites astronomiques et d’observation, qui sont utilisés pour la recherche, les satellites de communication qui servent pour les télécommunications, les satellites de positionnement et de navigation qui servent notamment pour les services GPS, les vaisseaux spatiaux habités et les stations spatiales. Sans s’en rendre compte, les satellites et leurs services rendus sont devenus des objets du quotidien de chaque individu, organisation et même Etat. Les satellites artificiels créés et placés dans l’espace par les humains sont donc devenus pleinement essentiels à la vie sur Terre. Il apparaitrait des plus incongrus pour une personne de ne plus pouvoir passer d’appels ou localiser sa destination avec son GPS utilisant cette technologie. Les satellites ont des applications civiles larges et importantes, mais également des applications militaires essentielles au bon déroulement des missions et donc au maintien de la sûreté nationale, et surtout pour des pays en concurrence sur Terre.

Leur disparition obligerait à de nombreuses concessions, ainsi qu’un certain retour en arrière sur des manières de faire et de technologies. Au-delà du retour de la carte routière pour se déplacer en France, ils représentent un outil de choix pour la sécurité nationale de chaque Etat. De ce fait, ils sont des cibles potentielles d’ennemis, puisque leur destruction assurerait la déstabilisation de l’Etat visé. Dans l’épisode IV, Dark Vador et ses troupes détruisent la planète Alderaan avec leur arme, l’Etoile Noire, à l’aide d’un laser surpuissant. Ce film de sciences fiction réalisé en 1977 pendant la guerre froide semble prendre des airs de réalités quelques 50ans plus tard. Bien que les armes pour le contrôle des terres, des mers et des airs soient en constante évolution, ce sont des domaines majoritairement appréhendés par les technologies actuelles. Au contraire, l’espace reste un terrain relativement vierge et il concentre les rêves les plus fous, notamment dans le domaine militaire et de la course à la conquête de l’espace particulièrement d’actualité ( vols spatiaux civils, missions sur mars, …)


Les débris, une question environnementale et de sécurité

Lundi 15 novembre, la Russie a détruit un de ses anciens satellites inactif en orbite depuis 1982 grâce à un tir de missile depuis la Terre. Ce tir a été vivement critiqué par la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, le chef de l’OTAN, le patron de la NASA ou encore la France. Il est particulièrement reproché à la Russie d’avoir mis en danger la Station Spatiale Internationale (ISS) et ses sept passagers. Ces derniers se sont réfugiés dans le vaisseau amarré à la station au cas où ils auraient dû faire une manœuvre d’évacuation d’urgence. En effet, la destruction de ce satellite a provoqué la création de plus de 1500 débris, se trouvant maintenant autour de la Terre, sur des orbites utilisées par d’autres satellites. De nombreux font une taille significative, soit plus de 2cm. Leur taille peut paraitre dérisoire mais avec l’énergie cinétique, un de ces débris pourrait lourdement endommager un autre satellite ou un module de l’ISS. De plus, il faut ajouter le syndrome de Kessler, qui a théorisé un seuil du volume de débris en orbite autour de la Terre pouvant provoquer une réaction en chaine de collision entre deux débris qui pourrait s’auto-entretenir, provoquer des dégâts majeurs et empêcher l’exploration spatiale ainsi que le lancement de satellites. Les critiques internationales contre le tir russe semblent quelque peu déplacées sachant que les Etats-Unis ont déjà détruit un satellite en orbite en 1985 et en 2008, ainsi que la Chine en 2007 et l’Inde en 2019. Le tir chinois avait provoqué plus de 3500 débris de taille significative, quand le tir américain de 2008 avait réussi à limiter au maximum la création de débris avec seulement 169 morceaux. Le tir indien avait provoqué une centaine de débris. 

La question environnementale de l’espace est devenue des plus pressantes, certains décrivant même l’espace comme une « poubelle ». L’Agence Spatiale Européenne a en conséquence signé en 2020 un accord avec une start-up suisse pour envoyer un robot récupérer des débris en orbite pour les détruire manière sécurisée et la plus « durable » possible. Cette problématique sera des plus importantes dans les années à venir, avec le développement de mégaprojets comme Starlink d’Elon Musk. Ce dernier souhaite désenclaver pleinement le monde en permettant l’accès de tous à internet. Son service se base sur une constellation de satellite, 12 000 d’ici la fin 2025. Ce n’est pas le seul projet puisqu’il existe également OneWeb, avec près de 650 satellites. Si ces constellations de satellites se multiplient, il apparait primordial de penser la question environnementale de l’espace, ainsi que la sécurité, celles-ci ne devant pas empêcher le décollage d’autres projets ou provoquer une catastrophe.  


L’espace, la dernière sphère militaire non exploitée ?

L’idée de la militarisation de l’espace est ancienne, notamment depuis la guerre froide et les années 1950. Les avancées technologiques de ces dernières années la rendent cependant plus palpable. Les actions récentes de certains Etats entrent en écho avec cette tendance, comme la création en 2019 d’une sixième branche des forces armées américaines avec la United States Space Force, qui se détache de l’Air force. De même en France, l’armée de l’Air est devenue l’armée de l’Air et de l’Espace en 2020. Ce sont des signes clairs de l’importance que prend la dimension spatiale pour le futur des conflits.

Les questions purement militaires levées par le tir russe sont également nombreuses et importantes. Si la Russie a pu détruire un de ses satellites en orbite, elle peut facilement faire de même avec un satellite étranger ou perçu comme un ennemi. Il serait donc possible en théorie pour un Etat, d’utiliser l’espace comme un nouveau champ de bataille, faisant des satellites et d’autres outils des cibles potentielles à éliminer pour déstabiliser l’adversaire et remporter la guerre. En 2020, la Russie a été soupçonnée de suivre un satellite espion américain. La multiplication des satellites en orbite ces dernières années, qui doit se continuer par exemple avec des projets comme Starlink d’Elon Musk, qui souhaite permettre à accéder à internet quelle que soit la localisation de la personne, multiplie également les chances d’être espionné, hacké ou saboté. Bien que les Etats-Unis eussent reconnu ce satellite russe comme ayant des capacités claires de nuire au leur, rien n’a pu confirmer ces dires, mais cet incident a relancé les débats sur la militarisation des satellites. Depuis les années 1980 et le programme Star Wars, un mythe et rêve pour certains s’est installé, celui de créer des satellites portant des bombes ou des machines pouvant effectuer des tirs de laser et endommager des outils étrangers. Ces derniers semblent plus près de devenir réalité. Ces satellites qui en suivent d’autres sont également soupçonnés de pouvoir directement interagir avec les autres, comme en les déplaçant ou en pliant certains éléments comme des antennes à l’aide de bras mécaniques. Ces machines sont certainement dans les départements de recherche des armées nationales mais il n’y a pas encore eu de démonstration d’officielle.


Les satellites sont devenus des outils essentiels de la vie de tous, ainsi que des Etats. Leur bon fonctionnement est de plus en plus nécessaire au bon fonctionnement d’un pays, ils contribuent aussi à évaluer les conséquences du réchauffement climatique,  qui est devenu  cause commune des Etats dans le monde. Mais avant même de vouloir le détruire, le simple acte de sabotage et de brouillage des signaux pourraient mettre en danger la stabilité d’un Etat. Il convient de rappeler les dernières avancées technologiques militaires des Etats avec les armes hypersoniques prenant de l’importance. Ces deux technologies combinées pourraient remettre en cause l’ordre établi. Le traité de l’Espace de 1967 fait « de l’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et les autres corps célestes (…) l’apanage de l’humanité tout entière » et l’utilisation de la lune et les autres corps célestes doit se faire « exclusivement à des fins pacifiques. ». Les dernières évolutions semblent cependant aller contre cette idée et il serait prudent de garder les yeux fixés sur l’espace, car des évolutions pourraient rapidement naitre et bouleverser la vision de la sécurité mondiale.